Nos dirigeants s’entendent pour dire qu’un engagement à l’égard des facteurs ESG est essentiel au succès de l’entreprise et que la stratégie en matière d’enjeux ESG devrait s’appuyer sur des paramètres de mesure et des données.
Les facteurs ESG sont devenus un enjeu stratégique pour les cadres supérieurs, étant donné le grand intérêt croissant qu’ils suscitent de la part des investisseurs, des consommateurs, des employés et des organismes de réglementation. Les conseils d’administration et les chefs d’entreprise s’efforcent de comprendre ce que les facteurs ESG signifient pour leurs organisations et leurs secteurs, tout en essayant de trouver un équilibre entre les besoins et les priorités des différentes parties intéressées. De plus, ils essaient de déterminer comment établir des priorités en fonction des besoins des différentes personnes concernées. Alors que certains peuvent voir les facteurs ESG comme un défi, nous y voyons une occasion de bâtir des organisations à l’épreuve du temps, résilientes et durables. Nous avons rencontré les membres de notre haute direction et certains de nos experts dans les secteurs de la gestion des ressources humaines, du risque et du capital pour connaître leurs points de vue sur les multiples dimensions des facteurs ESG et pour comprendre comment certaines organisations y trouvent déjà une occasion à exploiter.
Compte tenu des nombreuses dimensions que couvre la notion d’ESG, celle-ci peut avoir une énorme incidence sur la valeur d’une organisation, et ce, bien au-delà de l’aspect financier. Elle a des effets sur les primes d’évaluation et peut déterminer l’accès aux capitaux et le coût de ceux-ci. Elle peut accroître la valeur de la marque, stimuler la fidélisation des clients et contribuer à attirer, à fidéliser et à mobiliser les employés. Dans l’ensemble, elle peut établir le capital de réputation auprès des parties intéressées.
“Engageons-nous ensemble sur la voie des stratégies ESG afin d’éliminer les éléments des facteurs ESG qui n’ont pas de réelle incidence, et travaillons pour faire en sorte que les programmes ESG soient une chose dont nous puissions tous tirer parti.”
Carl Hess | chef de la direction
Les récentes réticences en ce qui a trait aux facteurs ESG sont le signe que ce concept évolue. Le fait de dénoncer les approches inexactes contribue à établir le bien-fondé d’une conception et d’une prise de mesures appropriées. Je pense que nous devons prendre ces préoccupations et ces critiques au sérieux et les utiliser pour faire évoluer les concepts ESG. De nombreux chefs d’entreprise utilisent déjà l’évaluation des programmes ESG pour analyser leur approche actuelle et repenser leurs stratégies afin de créer plus de valeur et de retombées positives.
Lorsque vous êtes en mesure de prendre du recul et de comprendre les raisons derrière les critiques de certains aspects des facteurs ESG, vous pouvez créer des améliorations et rendre les programmes plus solides, plus systématiquement tangibles, significatifs et mesurables et, en fin de compte, plus efficaces pour atteindre les objectifs.
Engageons-nous ensemble sur la voie des stratégies ESG afin d’éliminer les éléments des facteurs ESG qui n’ont pas de réelle incidence, et travaillons pour faire en sorte que les programmes ESG soient une chose dont nous puissions tous tirer parti.
En fin de compte, les facteurs ESG sont une question de risque. Qu’il s’agisse de climat, de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) ou de bonne gouvernance, tout cela se résume en un point : le risque. Les entreprises qui adoptent l’approche ESG et disposent d’un plan solide pour se conformer à ses critères sont, par définition, des entreprises mieux gérées. Si vous appliquiez une évaluation du risque à ces entreprises, vous en tireriez probablement la conclusion que celles qui ont de solides plans ESG présentent moins de risques à long terme, sont moins susceptibles d’être poursuivies pour des manquements à la gouvernance, et ont plus de chances de connaître du succès à long terme.
Les compagnies d’assurance tiennent compte de la reconnaissance des facteurs ESG et des mesures prises à cet égard lorsqu’elles déterminent la prime qu’elles appliqueront à certains risques pour chaque entreprise. La connaissance des principes ESG n’est plus « un simple atout supplémentaire souhaitable ». La mesure dans laquelle ils sont compris et mis en pratique aura une incidence sur la disponibilité et le prix des capitaux.
“Nous croyons à une transition ordonnée vers une économie à faible émission de carbone et à l’utilisation de l’assurance comme force en faveur du bien pour nous aider à cheminer sur cette voie.”
Adam Garrard | chef mondial, Risque et courtage
De plus, les modèles d’affaires des clients évoluent, passant d’un mode à forte intensité de carbone à un mode à faible intensité de carbone, ce qui signifie que les risques auxquels ils sont confrontés changent également, et nous aidons donc les clients à comprendre ces risques. Il est de plus en plus difficile de trouver des capitaux pour les secteurs considérés comme étant des grands émetteurs de carbone. Nous croyons à une transition ordonnée vers une économie à faible émission de carbone et à l’utilisation de l’assurance comme force en faveur du bien pour nous aider à cheminer sur cette voie.
L’assurance peut être un élément de motivation pour effectuer la transition et elle le devient. Lorsque les entreprises s’engagent dans la transition et disposent, par exemple, d’un plan de transition vérifiable, les fournisseurs de capitaux se font plus nombreux et, par conséquent, les emprunts de capitaux s’effectuent à un prix plus abordable.
Les facteurs ESG sont également un enjeu sur le plan humain (et sur le plan des ressources humaines), car ils influencent les décisions des personnes de se joindre à une organisation, d’y rester et de se dépasser pour contribuer à sa réussite. Les approches environnementales, sociales et de gouvernance ont également une incidence sur le rendement et la croissance. Et les organisations finissent par s’adapter et elles atteignent la durabilité grâce à leur personnel.
Dans ce contexte, les RH sont bien placées pour influencer et faire progresser les priorités de leurs organisations en matière de facteurs ESG grâce à des stratégies de gestion des talents et à des programmes de main-d’œuvre harmonisés.
Cela ne va pas sans difficulté, compte tenu des nombreuses priorités concurrentes, des différences de points de vue et des restrictions budgétaires. Pourtant, j’ai vu de nombreux chefs des RH relever ces défis, parfois en s’attaquant à un seul élément à la fois, parfois en les intégrant en vue de créer des liens.
“Quels que soient le secteur, l’emplacement géographique et le cycle économique, le chef des ressources humaines occupe une position centrale qui lui permet de collaborer avec d’autres dirigeants sur les politiques et les pratiques qui font progresser les efforts en matière d’enjeux ESG.”
Julie Gebauer | chef mondiale, Santé, patrimoine et carrière
La liste des façons de faire est longue et variée. Par exemple, de nombreux dirigeants ont mis en place des programmes, des processus et des instruments de mesure pour accroître la diversité et la représentation de la main-d’œuvre. Nombreux sont ceux qui contribuent aux engagements environnementaux de leur organisation en favorisant le recours à des véhicules électriques dans leurs programmes de transport ou en réduisant leur empreinte carbone grâce à une transition vers le travail en modes hybride et virtuel. D’autres améliorent les politiques de placement de leur régime de retraite pour y intégrer les principes ESG. D’autres encore mettent tout cela en œuvre au moyen d’engagements et d’énoncés de stratégie en matière d’enjeux ESG qui font l’objet d’un rapport annuel.
Quels que soient le secteur, l’emplacement géographique et le cycle économique, le chef des ressources humaines occupe une position centrale qui lui permet de collaborer avec d’autres dirigeants sur les politiques et les pratiques qui font progresser les efforts en matière d’enjeux ESG.
En Europe, les enjeux ESG sont rarement absents des grands titres, qu’il s’agisse du Pacte vert pour l’Europe, qui vise à faire de l’Europe le premier continent à atteindre la neutralité climatique, ou de l’attention accrue accordée récemment à l’examen réglementaire des fournisseurs de données ESG et aux contrôles contre l’« écoblanchiment ». Toutefois, si les grands titres sont importants, lorsqu’il est question de facteurs ESG, les liens entre la gestion des ressources humaines, du risque et du capital sont infinis!
“Le fait de se concentrer sur les objectifs en matière de facteurs ESG – et de les atteindre – contribue à maximiser la valeur à long terme pour les actionnaires.”
Anne Pullum | dirigeante, division européenne
Par exemple, si les entreprises mettent en œuvre des stratégies globales de mieux-être et d’expérience employé, elles réduisent leur risque financier en augmentant la fidélisation et la mobilisation de l’effectif, et en réduisant les erreurs et les omissions. Elles peuvent ainsi consacrer une plus grande part de leur capital à la croissance de leurs activités plutôt qu’à remédier aux pertes ou à protéger leur réputation ternie. Si vous n’êtes pas en mesure d’établir des liens entre la gestion des ressources humaines, du risque et du capital, vous risquez de devoir faire face à des problèmes d’attrition.
D’un point de vue environnemental, prendre des mesures comme s’engager à déployer des capitaux durables ou à publier de l’information est, en soi, un mécanisme qui permet d’attirer des personnes, ce qui crée de la valeur pour les employés, les actionnaires et les parties intéressées au sein de la communauté. Toutefois, quels que soient les aspects auxquels vous donnez la priorité en ce qui a trait aux facteurs ESG, si vous en tenez compte collectivement, le fait de se concentrer sur les objectifs en matière de facteurs ESG – et de les atteindre – contribue à maximiser la valeur à long terme pour les actionnaires.
Les organisations qui tiennent compte des éléments des enjeux ESG séparément et les abordent en vase clos sont confrontées à un problème. Par exemple, on pourrait avoir un agent de développement durable qui s’occupe des questions liées aux changements climatiques, un responsable de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) ou les RH qui s’occupent de la DEI, et les cadres supérieurs ou le conseil d’administration qui se chargent de la gouvernance. Il faut cependant établir des liens entre ces différentes composantes et envisager le concept de facteurs ESG de manière globale pour surmonter les obstacles et les barrières.
L’analyse comparative et l’analyse des données peuvent aider à dresser un portrait qui permet de justifier le changement et d’inciter à l’action. Lorsque vous pouvez regrouper des données et les utiliser pour fournir de l’information, utiliser des analyses pour définir des points de comparaison avec les données du secteur, puis utiliser des techniques prédictives pour définir l’orientation du secteur ou d’une organisation, vous êtes en mesure de justifier le changement et de susciter des modifications de comportement au sein de votre organisation.
Presque tout le monde parle de facteurs ESG, incluant les investisseurs, les collègues et les clients, mais les opinions sur ce que cela signifie pour chaque organisation peuvent varier considérablement. Les données sont essentielles pour comprendre comment votre organisation se positionne actuellement par rapport aux objectifs et pour déterminer sa propension à donner la priorité aux facteurs ESG. Les données peuvent aider à répondre à des questions telles que : Que devrais-je faire? Que font mes concurrents et comment puis-je devenir un chef de file du marché? Quels sont les avantages pour mon organisation? Cela permet-il d’obtenir de meilleurs résultats ou un meilleur soutien financier? Cela permet-il d’attirer davantage de talents ou de mieux protéger mon bilan?
En réalité, les facteurs ESG sont, dans une certaine mesure, un fil conducteur dans toute organisation. Toutefois, lorsqu’ils sont bien compris, ils peuvent changer la donne pour ceux qui sont à l’avant-garde à ce chapitre. Il n’existe certainement pas de solution unique et ce ne sont pas toutes les organisations qui sont avides de gérer les facteurs ESG et, le cas échéant, de le faire correctement. De plus, les entreprises peuvent avoir d’autres priorités compte tenu de la pression qu’elles subissent aujourd’hui dans un contexte d’incertitude géopolitique et économique.
L’investissement durable est essentiel à la réussite des investisseurs à long terme. À l’heure actuelle, il s’agit probablement d’un domaine où les risques et les possibilités sont immenses, mais où la fenêtre pour tirer pleinement parti de ces possibilités se rétrécit. Pour avoir un avantage concurrentiel, les investisseurs ont besoin de meilleures connaissances ou de meilleurs moyens de mettre en œuvre ces connaissances
“Nous aimerions arriver au stade où tout le monde reconnaît que l’investissement durable est tout simplement un bon investissement.”
Craig Baker | chef des placements mondial
Une part croissante de la marge alpha, c’est-à-dire nos possibilités de rendement par rapport à l’indice de référence, proviendra de l’exploitation des inefficacités engendrées par les risques liés à la durabilité, car à l’heure actuelle, ces derniers ne sont pas entièrement pris en compte par les marchés. Les investisseurs doivent s’efforcer d’avoir une longueur d’avance et d’agir dès aujourd’hui, car ces possibilités vont diminuer au fil du temps, notamment parce que les changements apportés à la réglementation obligent de plus en plus de propriétaires d’actifs à intégrer davantage la notion de durabilité dans tout ce qu’ils font.
Nous aimerions arriver au stade où tout le monde reconnaît que l’investissement durable est tout simplement un bon investissement.
Les changements climatiques sont devenus une question prioritaire pour les conseils d’administration. Tout le monde est conscient des changements dans la réglementation financière, de la confiance des investisseurs et de l’esprit général des gens qui constatent l’ampleur des changements climatiques dans certaines des régions les plus prospères et les plus en vogue du monde. Cette prise de conscience croissante de la part des parties intéressées s’accompagne toutefois d’une confusion quant à la distinction à faire entre les facteurs ESG, le développement durable, la résilience et le risque.
Nous avons transposé cette nomenclature pour aider les organisations à reconnaître que, quel que soit le nom que l’on utilise, la gestion des changements climatiques repose fondamentalement sur la gestion d’un ensemble de risques. Nous sommes des experts lorsqu’il s’agit d’aider les entreprises à gérer les risques. La gestion des risques liés aux changements climatiques nécessite une évaluation de l’ensemble des possibilités futures, qu’elles soient bonnes ou non. Tout cela forme un seul et même continuum. Les modèles de risque, les paramètres de mesure et les données sont essentiels pour nous aider à assurer la transition vers la carboneutralité. Nous appelons cette solution Climate Quantified. À partir de cette base de référence, nous pouvons planifier rationnellement notre manière de localiser et d’affecter des ressources, de décarboner nos activités et d’appliquer des mesures incitatives ou dissuasives à l’égard du personnel ou des fournisseurs.
L’un des plus grands enjeux liés aux facteurs ESG, du point de vue de la responsabilité des administrateurs et des dirigeants, sera de déterminer comment les divers aspects sociaux d’une approche ESG donnent lieu à des avantages ou à des risques quantifiables pour l’entreprise, car c’est ainsi que l’on peut persuader les organisations de se pencher sur la question en ne se limitant pas à dire que les facteurs ESG sont un atout. Pour les convaincre de la nécessité de cette démarche, il faut pouvoir dire « voici ce qu’il en coûtera à votre entreprise si vous ne vous en occupez pas » ou « voici l’avantage que vous en tirerez si vous en tenez compte ». De plus, la quantification de ces éléments est difficile et exige que l’on y accorde une réelle attention.
“La plupart des risques liés aux facteurs ESG sont des éléments dont les assureurs tiennent déjà compte. Ces facteurs ne vont pas disparaître, même si on arrête de les appeler ESG.”
Angus Duncan | spécialiste mondial, Assurance des administrateurs et dirigeants
La plupart des risques liés aux facteurs ESG sont des éléments dont les assureurs tiennent déjà compte. Ces facteurs ne vont pas disparaître, même si on arrête de les appeler « ESG ». Les responsabilités liées aux changements climatiques augmentent, et certaines nouvelles exigences en matière de présentation de l’information vont être maintenues pour longtemps. Dans le même ordre d’idées, tout le monde s’intéresse à la diversité des conseils d’administration. Le NASDAQ et la FCA ont désormais des exigences en matière de diversité des conseils d’administration, et l’UE se penche sur la question.
L’atteinte des objectifs en matière de facteurs ESG n’est pas nécessairement sans risque. C’est une arme à double tranchant. Vous pouvez créer des responsabilités pour votre entreprise et vos administrateurs en essayant d’agir au nom des facteurs ESG. C’est pourquoi il est si important d’aborder consciemment cette question. Il y a récemment eu des exemples hautement médiatisés de chefs d’entreprise qui étaient très favorables à une approche axée sur la durabilité, mais qui ont ensuite éprouvé d’importants problèmes avec les actionnaires qui leur ont dit : « vous vous concentrez tellement sur la durabilité que vous ne vous préoccupez plus de la rentabilité de l’entreprise », et ils ont dû quitter leurs fonctions. Si vous n’accordez pas la priorité aux facteurs ESG de la bonne manière, vous risquez d’avoir plus de problèmes que si vous n’aviez rien fait. Vous devez donc examiner attentivement les besoins des parties intéressées, qui peuvent ne pas être toutes en accord, et utiliser une approche très réfléchie pour déterminer vos objectifs et planifier la manière de les atteindre.
Les conseils d’administration doivent prendre en charge les enjeux ESG, car les investisseurs, les employés (incluant les employés potentiels), les organismes de réglementation et les clients exigent que les entreprises changent. Seul le conseil d’administration peut veiller à ce qu’un tel éventail de besoins des parties intéressées soit satisfait. De plus, les conseils d’administration ne peuvent pas se contenter de déléguer cette tâche. Ils doivent s’investir.
Essentiellement, le rôle du conseil d’administration consiste à veiller à ce que les entreprises obtiennent de bons résultats, fassent les bonnes choses et se comportent correctement. Par « obtenir de bons résultats », on entend qu’elles doivent répondre aux attentes financières. « Faire les bonnes choses », c’est s’assurer que toutes les parties intéressées sont représentées et que l’organisation entraîne des retombées positives pour la société. « Se comporter correctement » signifie agir de manière éthique et responsable sur le plan moral. À défaut de s’acquitter de ces trois responsabilités, les conseils d’administration verront leurs membres être rejetés par les électeurs. Nous avons déjà vu cela se produire.
Toutefois, il existe des mesures que les conseils d’administration peuvent prendre pour s’assurer que leurs organisations répondent aux attentes en matière de facteurs ESG. Tout d’abord, ils doivent reconnaître que les facteurs ESG et la responsabilité sociale d’entreprise (RSE) sont deux choses différentes. La RSE est ce que vous faites avec les bénéfices que vous réalisez. Les facteurs ESG sont la façon dont vous réalisez des bénéfices. De plus, il ne faut pas voir les facteurs ESG comme une initiative en soi. Intégrez-les plutôt à votre stratégie d’affaires globale. Commencez modestement, mais voyez grand. Fixez des objectifs réalistes fondés sur des données, puis rendez vos engagements publics afin de responsabiliser l’organisation.
Lorsque je pense à la DEI en tant que composante des facteurs ESG, trois obstacles potentiels me viennent à l’esprit : le financement ou l’investissement, le soutien des dirigeants, et des analyses significatives pour mesurer les progrès, des éléments qui sont tous liés à la gouvernance. En ce qui concerne le financement, la DEI est fascinante, car chacun a un rôle à jouer à ce chapitre. Un chef de la DEI peut avoir des objectifs, mais ne pas avoir de budget. Au lieu de cela, il espère souvent que le chef de la rémunération globale, le chef de la responsabilité sociale d’entreprise ou d’autres collègues intégreront le financement de la DEI dans leur budget.
Le deuxième élément est le soutien des dirigeants. L’importance de la DEI se reflète-t-elle dans les comportements et la mentalité des dirigeants? Ceux-ci donnent-ils l’exemple pour soutenir une culture d’inclusion et d’appartenance? Savent-ils même qu’ils sont essentiels aux progrès en matière de DEI et sur les plans environnemental, social et de gouvernance (ESG), ou leurs actions sont-elles involontairement en opposition par rapport aux progrès recherchés?
“Pour réaliser de réels progrès, tous les aspects de la DEI doivent faire l’objet d’un financement et d’une bonne gouvernance de la part des entreprises.”
Rachael McCann | chef, Solutions en matière de DEI, Santé, patrimoine et carrière
Le troisième obstacle potentiel est qu’il faut connaître les bonnes données pour mesurer les progrès. En d’autres termes, les données doivent non seulement présenter de l’intérêt, mais aussi être exploitables. De grandes quantités de données sont disponibles, mais souvent, l’élément manquant est leur utilisation pour refléter une réalité. Quelle a été l’incidence du changement « x »? A-t-il permis de combler une lacune en matière de DEI? A-t-il répondu à un objectif de notre énoncé de stratégie ESG?
Pour réaliser de réels progrès, tous les aspects de la DEI doivent faire l’objet d’un financement et d’une bonne gouvernance de la part des entreprises, qu’il s’agisse des employés et des dirigeants ou d’autres aspects comme la diversité des fournisseurs, la formation, les liens entre les communautés internes et externes, pour n’en citer que quelques-uns. En effet, lorsque vous accordez la priorité à la DEI et aux facteurs ESG de la bonne manière, non seulement améliorez-vous la durabilité de votre organisation, mais vous obtenez également des retombées positives en matière de talents, car les gens veulent travailler pour des entreprises qui, selon eux, font les bonnes choses en traitant les gens avec équité, dignité et respect.
Le mieux-être est étroitement lié à la composante « S » des facteurs ESG par le souci du bien-être des employés, l’attraction et la mobilisation des talents, et le maintien de la résilience des employés afin que ceux-ci puissent être productifs et soutenir l’entreprise. De plus en plus d’organisations établissent un lien entre ce qu’elles font en matière de mieux-être des employés et les facteurs ESG.
Alors que la définition du mieux-être évolue, passant de l’accent traditionnel sur le mieux-être physique ou la santé à une vision plus large qui englobe le mieux-être émotionnel et social et la résilience financière, nous reconnaissons que le mieux-être touche de nombreux aspects différents de l’expérience employé, notamment le travail et la rémunération, la carrière, la sécurité et la DEI. Dès que vous élargissez la définition du mieux-être et votre approche à cet égard, et que vous intégrez le mieux-être dans la culture de votre organisation, vous devez vous engager avec les parties intéressées de l’entreprise en ne vous limitant pas aux RH.
Jusqu’au début de la pandémie, il y avait peu de conversations sur le mieux-être au niveau de la direction, même avec le chef des RH. Le mieux-être était principalement considéré comme une question d’avantages sociaux. Lorsque l’on comprend à quel point les employés sont essentiels à l’atteinte de cet équilibre entre la vision des parties intéressées et celle des actionnaires, et à quel point les employés doivent être en bonne santé pour faire avancer une organisation dans des contextes comme une pandémie, les changements climatiques ou les inégalités sociales, on se rend compte qu’il y a un énorme avantage à multiplier les conversations. Les dirigeants ont compris à quel point le mieux-être est crucial au succès d’une organisation. La reconnaissance du lien entre le mieux-être et les nombreuses facettes des facteurs ESG, ainsi que de la manière dont le mieux-être contribue au succès des actionnaires et des employés recèle d’immenses possibilités.
Aucune organisation ne devrait examiner les questions relatives aux facteurs ESG et aux changements climatiques en adoptant une approche cloisonnée. Les équipes chargées des finances, de la gestion des risques, des RH et autres doivent se rassembler autour d’objectifs communs. Cela peut être difficile, car il arrive souvent que les parties ne s’entendent pas au sujet de nombreux aspects fondamentaux des facteurs ESG. À titre d’exemple, demandez à dix personnes de définir le risque physique, le risque lié à la transition ou même les changements climatiques, et vous obtiendrez des réponses très différentes.
Nous constatons également que les organisations ne parviennent souvent pas à un consensus sur la raison pour laquelle elles doivent poursuivre des objectifs en matière d’ESG et de lutte contre les changements climatiques. Toutefois, la formation des effectifs sur les facteurs ESG et le climat – ce qu’ils signifient et comment les mesurer – peut aider les parties intéressées au sein de l’organisation à s’entendre sur la façon dont elles doivent aborder ces questions. Cela peut aussi les aider à établir des objectifs pragmatiques qui correspondent non seulement à leurs ambitions, mais aussi à leurs capacités.
Il est intéressant de constater à quel point les clients abordent les facteurs ESG de manière différente. Certains ne s’intéressent qu’à un seul aspect, tandis que d’autres adoptent une approche très large, axée, de manière globale, sur la durabilité ou les concepts ESG. Notons aussi que l’état d’avancement de leur démarche en matière d’ESG varie grandement, certains faisant leurs premiers pas et d’autres étant devenus des chefs de file de leur secteur.
Bien qu’il n’y ait pas deux entreprises pour lesquelles les facteurs ESG représentent la même chose, je vois quelques dénominateurs communs. La plupart d’entre elles effectuent une sorte d’analyse des écarts. Elles essaient de déterminer où se situent leurs forces et leurs faiblesses à l’intérieur du cadre des facteurs ESG. Elles transforment cette analyse en une version ou en une partie d’un plan de durabilité, ou elles mettent à jour leurs plans actuels. Enfin, elles harmonisent les priorités du conseil d’administration avec celles de l’équipe de gestion et des dirigeants qui sont responsables des facteurs ESG, de la durabilité et de la lutte aux changements climatiques au sein de leur organisation.
Les clients adhèrent à la démarche liée aux facteurs ESG et s’adaptent aux défis qui s’y rattachent, et ils utilisent l’énergie et l’attention consacrées à l’approche ESG pour gérer les risques et cerner de nouvelles occasions d’affaires. Outre la gestion des risques commerciaux, ils accordent de l’importance à la possibilité de protéger et d’améliorer leur réputation grâce aux mesures qu’ils prennent relativement aux facteurs ESG. Aucun de mes clients ne pense que la gestion des facteurs ESG va disparaître.