360°Prévoyance I News
En début d’année 2021, les nouvelles bases techniques LPP 2020 ont été mises à disposition des actuaires, experts et institutions de prévoyance. Ces nouvelles bases techniques reposent sur l’observation des données de 15 grandes institutions de prévoyance autonomes, totalisant un effectif d’environ 1.5 million d’assurés actifs et 0.9 million de bénéficiaires de rente, durant les années 2015 à 2019. Ces bases techniques fournissent entre autres une information vitale sur les probabilités de décès et d’invalidité pour les participants au deuxième pilier, mais aussi des informations liées à l’espérance de vie et autres paramètres techniques. En effet, l’espérance de vie ainsi que l’incidence des cas d’invalidité et de décès en Suisse évoluent avec le temps, résultat de tous les changements dans notre société.
Il est important de noter que les tables LPP2020 ne tiennent pas compte des effets de la récente pandémie et de ses possibles impacts sur la longévité et la mortalité. Même si nous pouvons imaginer que cela aura certainement une conséquence, il nous faudra attendre à la préparation des nouvelles tables dans 5 ans.
Pour les assurés dans le deuxième pilier, ces nouvelles bases techniques LPP 2020 influencent les taux de conversion et les décisions prises par les Conseils de Fondation. Depuis plusieurs années, on a pu constater que les institutions de prévoyance ont poursuivi une politique de baisse de leur taux de conversion suite à l’amélioration de l’espérance de vie et la baisse des taux d’intérêt. Cela a bien sûr un impact à la baisse sur les rentes de retraite des assurés en Suisse. Aujourd’hui, selon les dernières études de WTW sur les taux de conversion, le taux médian en Suisse pour les grandes entreprises se situe entre 5.2% et 5.6%, versus des taux bien au-dessus de 6% il y a plus de 10 ans.
Cependant, et pour la première fois depuis longtemps, les nouvelles tables indiqueraient une légère diminution de l’espérance de vie avec l'utilisation du nouveau modèle. Est-ce que les assurés du deuxième pilier peuvent maintenant espérer une augmentation des taux de conversion à l’avenir ?
Tout du moins on peut s’attendre à un ralentissement ou à un arrêt de la baisse de ces taux. Ces dernières années, on constate que les institutions de prévoyance sont restées prudentes et ont poursuivi la baisse de leur taux de conversion. Un bon nombre d’institutions de prévoyance a par ailleurs pris des mesures pour faire face à cette baisse de prestation de retraite en offrant aux assurés des échelles de cotisations étendues et flexibles donnant le choix aux assurés d’augmenter leurs cotisations pour se garantir une meilleure protection à la retraite.
Pour rappel au moment de la retraite les assurés du deuxième pilier ont la capacité de choisir entre une rente (liée au taux de conversion) et le capital. Ce choix dépend principalement de la situation personnelle de l’assuré au moment de la retraite et peut prendre en compte des éléments comme l’état de santé, des enfants encore scolarisés, âge de l’éventuel conjoint, besoins individuels, départ à l’étranger, etc. Toutefois, on observe en Suisse une tendance à la hausse de prise en capital des prestations de retraite expliquée notamment par la baisse des taux conversion ces dernières années, et donc une baisse du risque de longévité supporté par les institutions de prévoyance.
Autres observations avec le passage aux nouvelles tables LPP 2020, le nombre total de cas d’invalidité a en moyenne diminué de 20% environ par rapport aux bases techniques LPP 2015. Résultat des progrès de la médicine ? Peut-être, mais on note toutefois que les conditions de reconnaissance de l’invalidité par l’Assurance Invalidité « AI » sont plus strictes et exigeantes que par le passé, expliquant en partie cette baisse dans les nouvelles tables LPP 2020. Cette réalité demeure importante pour les assurés qui ne seraient pas reconnus comme invalide selon l'AI et qui ne pourraient donc pas bénéficier des prestations prévues dans le deuxième pilier.
Pour conclure, pour les institutions de prévoyance et les employeurs, certains récents développements vont permettre de limiter quelque peu l’augmentation des passifs liés au deuxième pilier (incluant les possibles hausses des taux obligataires et le passage aux tables LPP 2020). De plus, les institutions de prévoyance de droit privé ont joui aussi d’une année financière 2021 très intéressante au niveau des rendements ce qui aboutira en principe à une amélioration de leur degré de couverture au 31.12.2021. A noter que le degré de couverture moyen au 31.12.2020 des institutions de prévoyance de droit privé est de 116.1%* avec plus du trois quarts de celles-ci ayant constituées au moins 75% de leurs objectifs en matière de réserves pour fluctuation de valeur. Ainsi, les assurés peuvent espérer une meilleure allocation générale des excédents existants entre financement des rentes et l’attribution de taux d’intérêt plus favorable aux assurés actifs sur le long-terme par le Conseil de Fondation.
*Etude Swisscanto sur les caisses de pension en Suisse en 2021 https://pensionstudy.swisscanto.com/21/fr/d-taux-de-couverture/