360°Prévoyance I Études
Chères lectrices, chers lecteurs,
Si la réforme des retraites semble avancer sur le plan politique avec la mise en œuvre prochaine d’AVS21, on ignore quelle sera la portée de la réforme de la LPP. Toutefois, l’avenir n’attendra pas, et les institutions de prévoyance doivent s’adapter pour relever des défis croissants. Il est donc crucial de repenser les solutions existantes et de s’ouvrir à de nouvelles voies.
Avec le vieillissement de la population suisse, la question des retraites gagne de l’ampleur, tant pour les particuliers que pour les institutions qui les versent. Pour elles comme pour les entreprises affiliées, comparer régulièrement les prestations avec les standards de la branche et les meilleures pratiques est essentiel pour rester compétitif.
La présente édition de l’étude SLI benchmarking pré- sente les tendances générales et les problématiques auxquelles font face les institutions de prévoyance sur le marché suisse. Les caisses de pension sont actuellement confrontées à la résurgence de l’inflation, qui est devenue une préoccupation majeure dans le monde entier, y compris en Suisse, après des décennies de faible inflation. L’inflation érode progressivement le pouvoir d’achat des prestations de retraite, ce qui est particuliè- rement problématique pour les retraités qui comptent sur ces dernières pour leurs besoins quotidiens. Les plans doivent tenir compte de la hausse des prix lors de la détermination du niveau de prestations fourni. Bien que la majorité des plans suisses passés en revue dans cette étude n’aient pas ajusté les prestations de retraite existantes à l’inflation, cette option est envisagée, et nous pensons que les années à venir seront déterminantes pour la définition de mécanismes d’ajustement qui permettront de faire aux futures augmentations du coût de la vie.
Dans la dernière étude, nous avions constaté que les taux de conversion dont bénéficient les futurs retraités s’étaient légèrement stabilisés entre les deux dernières éditions. Si dans la présente édition nous observons que le taux de conversion médian a baissé d’environ 20 points de base, la fourchette basse est restée stable. Cependant, les rendements obligataires ayant considérablement augmenté en 2022, la question se pose de savoir si les institutions de prévoyance envisageront d’accroître leurs taux techniques et donc potentiellement leurs taux de conversion.
Les stratégies d’investissement sont également un élément fondamental de la conception des plans de prévoyance. Ceux-ci investissent généralement une partie importante de leurs actifs en actions et dans d’autres instruments financiers pour générer des rendements en mesure de financer les prestations. La performance des placements peut toutefois être volatile et difficile à prévoir, de sorte que les caisses doivent gérer leur portefeuille d’investissement avec prudence. Comme le souligne la présente étude, les cinq dernières années ont été particulièrement volatiles, avec deux années extrêmement positives, puis une année 2022 qui a vu une baisse significative des actifs. Malgré les rendements négatifs enregistrés en 2022, de nombreuses caisses de pension ont réussi à offrir à leurs assurés actifs des taux d’intérêt nettement supérieurs au taux minimal LPP de 1 %. Par ailleurs, les institutions de prévoyance du SLI ont largement adopté les nouvelles recommandations ESG en matière de reporting. Plus de 60 % d’entre elles présentent déjà au moins un compte rendu formel dans leur rapport annuel.
Un autre constat se dégage cette année : près d’un quart des entreprises de référence du SLI ont augmenté les cotisations d’épargne ordinaires totales versées tant par l’employé que par l’employeur. Cette augmentation, généralement due à une baisse du taux de conversion, est souvent en partie compensée par une diminution des cotisations de risque. Si les études précédentes ont montré que cette stratégie avait pour objectif d’atténuer au moins partiellement l’impact de la baisse des taux de conversion, nous avons observé que l’augmentation des cotisations d’épargne était aussi un moyen de compenser la baisse du coût des prestations de risque, même en l’absence de changement des taux de conversion. Cela signifie que les cotisations totales employé et employeur restent inchangées, mais que la part allouée aux cotisations d’épargne croît. Reste à savoir si les cotisations d’épargne diminueront à nouveau si le coût des prestations de risque repart à la hausse.
La restriction du choix de la rente à l’âge de la retraite et la mise en place de plans 1e ont quelque peu stagné dans cette étude, les fondations soucieuses de réduire leur risque ayant déjà mis en œuvre ces options. Reste à voir si cette situation persistera, compte tenu de la pression qui pourrait s’exercer plus fortement sur les fondations pour qu’elles augmentent les pensions en fonction de l’inflation.
Nous constatons encore avec satisfaction que toutes les entreprises examinées offrent des prestations supérieures au minimum LPP, que ce soit en matière de risque, de prévoyance ou d’intérêts crédités. Cette étude montre clairement que les entreprises accordent la priorité à la mise en place d’un plan de prévoyance solide pour leurs employés. Nous observons toutefois une variation importante des prestations, certains régimes offrant des prestations presque deux fois plus élevées que d’autres. Ces différences peuvent créer de l’incertitude et susciter l’incompréhension des salariés lorsqu’ils comparent les régimes de rémunération globale des entreprises.
Notre étude commence par examiner les tendances récentes du point de vue des salariés, puis se penche sur les thématiques pertinentes pour les caisses de pension. Elle comprend également de nouvelles analyses sur l’incidence du travail à temps partiel, les investissements ESG et l’inflation, et c’est avec grand plaisir que je partage ces résultats avec vous.
Bonne lecture !
Stephan Wildner
Head of Switzerland