WTW Swiss Pension Finance Watch – T2/2022
ZURICH / LAUSANNE / GENÈVE, le 14 juillet 2022 – La hausse des taux d’escompte tout au long de l’année 2022 a entraîné une baisse de plus de 20% des engagements des institutions de prévoyance selon les normes comptables internationales des entreprises depuis le début de l’année, pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 9 ans. Les actifs des institutions de prévoyance ont également diminué, mais dans une moindre mesure. Cela a amélioré l’indice de prévoyance de WTW de 2,5% supplémentaires au deuxième trimestre. Comme le montre l’indice WTW, le degré de couverture moyen (c.-à-d. le rapport entre actifs et engagements de prévoyance) s’élevait à 129,7% au 30 juin 2022 contre 127,2% au 31 mars 2022.
Les rendements obligataires sur lesquels repose le taux d’escompte ont continué d’augmenter fortement pour le deuxième trimestre consécutif, entraînant une réduction supplémentaire de plus de 10% des engagements depuis la fin de l’année. Les rendements des obligations d’entreprises ont augmenté d’environ 90 points de base au cours du trimestre, soit la même hausse que celle observée au premier trimestre. Malgré des actifs en baisse de 8,5% sur le trimestre, les bilans des entreprises ont tout de même pu constater un impact positif grâce à la réduction des engagements. « Les taux d’escompte ayant baissé régulièrement mais sûrement au cours des 5 à 10 dernières années, les bilans de prévoyance des entreprises ont souvent été affectés par une augmentation des engagements plus rapide que celle des actifs. Cette tendance s’est inversée de manière spectaculaire, du moins au cours du premier semestre de cette année », souligne Adam Casey, Head of Corporate Retirement Consulting chez WTW à Zurich.
“Les taux d’escompte ayant baissé régulièrement mais sûrement au cours des 5 à 10 dernières années.”
Adam Casey | Head of Corporate Retirement Consulting, Suisse
Lorsque les rendements obligataires augmentent, la valeur des obligations détenues diminue et inversement. Dans la mesure où les institutions de prévoyance détiennent des obligations d’une durée similaire à celle de leurs engagements, cela constitue une couverture naturelle (ou une correspondance des actifs et des passifs). Pendant la période de faibles rendements obligataires, de nombreuses institutions de prévoyance ont choisi de réduire leur exposition aux obligations à plus long terme en faveur d’obligations à court terme, de placements immobiliers et de solutions alternatives. Ils ont vraisemblablement agi ainsi afin de réduire les pertes d’actifs lorsque les rendements obligataires ont fini par augmenter et que la valeur des obligations a diminué.
« De nombreuses institutions de prévoyance ont vraisemblablement investi dans l’espoir d’une nouvelle hausse des rendements obligataires. Leur décision d’investissement visant à s’éloigner des obligations à plus long terme a finalement porté ses fruits, mais cela en valait-il la peine et surtout, comment doivent-ils investir leurs portefeuilles dans le nouvel environnement de marché? », explique Adam Casey.
La durabilité des portefeuilles des institutions de prévoyance en termes de résistance aux crises continue d’être mise à rude épreuve. Les marchés mondiaux continuent de subir d’importantes pertes sous l’effet de la guerre en Ukraine et de l’accumulation de problèmes pour la croissance économique dans un contexte d’inflation accrue. Au deuxième trimestre 2022, le rendement généré par un régime de retraite suisse type s’élevait à -8,5%, soit un rendement de -13,3% depuis le début de l’année, comme l’illustre l’indice Pictet LPP-40 plus 2005. Jusqu’à présent, la plupart des institutions de prévoyance suisses ont toutefois réagi sereinement à cette évolution.
Depuis plusieurs mois, après 15 ans de politique monétaire expansionniste amenant les taux réels sous la barre de 0%, le taux d’inflation grimpe, même si, à raison de 3,4% en juin grâce à la force du franc suisse, la Suisse résiste beaucoup mieux que les États-Unis et l’Europe qui affichent des taux allant jusqu’à 8%. La hausse de l’inflation est associée à une perte de pouvoir d’achat ainsi qu’à des pertes sur de nombreux investissements. Les effets de l’inflation devraient donc constituer le principal point de mire de l’examen par les institutions de prévoyance de leur stratégie d’investissement en ce qui concerne sa résistance à la crise.
“La hausse des taux d’intérêt combinée aux craintes d’une récession ayant entraîné des pertes simultanées au niveau des obligations et des actions.”
Alexandra Tischendorf | Head of Investment, Suisse
Cet examen peut s’avérer quelque peu complexe, comme l’explique Alexandra Tischendorf, Head of Investment chez WTW à Zurich : « L’effet que l’inflation pourrait avoir sur les actifs réels est assez délicat, car selon le niveau d’inflation, les actifs réels pourraient voir leur prix augmenter ou diminuer et la protection contre l’inflation n’est que limitée, la hausse des valeurs s’accompagnant également d’une volatilité nettement plus importante. Les bouleversements actuels en sont le reflet, la hausse des taux d’intérêt combinée aux craintes d’une récession ayant entraîné des pertes simultanées au niveau des obligations et des actions. »
Malgré les défis de l’environnement actuel, les conseils de fondation des institutions de prévoyance ne doivent pas perdre de vue leur horizon et leurs objectifs d’investissement à long terme. « Les conseils de fondation des institutions de prévoyance doivent continuer à se concentrer sur l’orientation durable et à long terme de la stratégie d’investissement. Cela englobe des paramètres tels que la diversification des primes de risque, la prise en compte de principes d’investissement durable et le renforcement de la gestion des risques et de la gouvernance », conseille Alexandra Tischendorf.
Swiss Pension Finance Watch analyse tous les trois mois l’incidence du rendement des marchés des capitaux sur l’état financier des régimes de retraite en Suisse. Cette étude fait partie du Global Pension Finance Watch de WTW qui prend en considération les principaux marchés mondiaux de régimes de retraite depuis l’année 2000. Publiée trimestriellement, elle met l’accent sur les résultats liant les actifs aux engagements. Cette publication couvre les régimes de retraite au Brésil, au Canada, dans la zone euro, au Japon, en Suisse, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.
L’impact des marchés des capitaux sur ces régimes de retraite est de deux ordres :
Le modèle de WTW définit un régime de retraite de référence représentatif des engagements de retraite et des actifs du régime (y compris la composition du portefeuille d’actifs) tels qu’on les trouve habituellement sur chaque marché mondial. Les incidences des fluctuations du marché des capitaux sur les actifs et les engagements sont combinés de sorte à obtenir un indice des régimes de retraite reflétant l’évolution du niveau de financement du régime de référence.