Un petit pas pour le financement de la protection du climat, et un pas de géant pour une économie propre
Dans l'assurance, nous avons l'habitude des réveils douloureux. J'ai personnellement été témoin de la dévastation causée par l'ouragan Ida dans ma ville natale de New York, qui a fait plus de 100 morts aux Etats-Unis. On estime qu'il fait partie, avec Katrina et Sandy, des ouragans les plus coûteux, en termes de pertes assurées.
C’est quand on voit la crue s'approcher de Wall Street, dans l'une des plus grandes villes de l’un des pays les plus riches du monde, que nous savons que nous sommes en présence d'une tempête qui représente parfaitement la nécessité d'agir contre le changement climatique et d’assurer un avenir plus résilient pour tous. En tant que nouveau PDG de Willis Towers Watson, l'une de mes principales priorités est d'aider nos clients à gérer leurs risques climatiques et soutenir leur transition vers une économie propre, à zéro émission de carbone.
Alors que les chefs d'État et leurs négociateurs se réunissent à Glasgow pour la COP26, le sommet phare des Nations Unies sur le climat, ils auront à l'esprit les inondations et les incendies meurtriers de l'été. Et s'ils peuvent déjà voir de leurs propres yeux ce qui est en jeu, où qu'ils soient dans le monde, ces mêmes décideurs savent déjà ce qu'il faut faire pour éviter un dérèglement climatique irrévocable. L'objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement de la planète, au-dessus des niveaux préindustriels, a été fixé à Paris en 2015. Et pourtant, les engagements actuels nous mettent sur la voie d'un réchauffement de +2,7°C, selon un récent rapport de la CCNUCC.
De la même manière que l’on se souvient de Paris pour avoir finalement obtenu un consensus mondial sur l'objectif d'un réchauffement limité à 1,5°C, Glasgow se doit de rester dans les mémoires comme la COP où les solutions concrètes ont été mises en place.
La tarification précise du risque climatique est la première étape afin d’assurer une transition ordonnée. Wall Street et plus largement la Finance mondiale qui ont financé une économie fondée sur les énergies fossiles doivent désormais être au cœur de la transition vers une économie propre et résiliente.
Toutefois, une tarification précise nécessite des informations transparentes. Nous ne sommes qu'aux prémices de la compréhension du niveau de transformation sociale et économique qui sera nécessaire pour atteindre l'objectif de +1,5°C fixé dans les accords de Paris, et son impact sur les investisseurs, les industries, les entreprises et les pays.
Aujourd'hui, tout investisseur se doit de réfléchir aux implications financières et au risque auquel il est exposé dans son portefeuille d'investissement. Selon nous, la transition climatique, c'est-à-dire les changements liés au climat dans les comportements des politiques, des marchés et des consommateurs, est l'un des risques les plus importants pour tout investisseur.
Le nombre d’indices liés au climat ont explosé ces dernières années. C'est une tendance bienvenue, mais il est peu probable qu'ils vous renseignent sur l'impact financier des changements politiques ou de marché. Ils reposent souvent sur les données historiques des émissions. Ils ne nous renseignent pas non plus sur les changements structurels du comportement des consommateurs.
Nous pensons que l’émission de carbone ne représente qu'une petite partie du risque financier lié au climat et que l'utilisation du carbone comme indicateur du risque peut en fait déformer la réalité pour les investisseurs. Les mesures qui sont à la fois financières et prospectives offrent une vue plus précise des risques et des opportunités de la transition. L'adoption d'une approche actif par actif, pour l'évaluation des entreprises donne une vision plus significative de ce qui peut arriver à une entreprise, un secteur ou un pays affecté par une transition qui serait conforme aux objectifs des accords de Paris.
Cette approche réduit l'allocation de capital aux entreprises présentant le plus grand risque de transition, ce qui réduit le risque financier pour les investisseurs. Elle facilite la réévaluation des risques climatiques, permettant aux marchés financiers de s'aligner sur la politique gouvernementale. Elle augmente également l'allocation de capital aux entreprises qui ont tout à gagner de la transition climatique et offre donc un potentiel d'amélioration des rendements et de la performance. Enfin, elle apporte de la transparence au niveau de l'entreprise, ce qui permet d'identifier ce qu’elles peuvent faire pour atténuer le risque lié à la transition climatique et être actrices de la solution.
La transition climatique représente un énorme marché adressable, mais nous reconnaissons le besoin urgent d'innover sur les outils qui peuvent permettre aux organisations de passer à une économie résiliente au climat et bénéficier à la société dans son ensemble.
La compréhension du risque climatique par le biais d’une approche financière robuste et tournée vers l’avenir est la prochaine étape essentielle de cette évolution qui garantira que les capitaux circulent là où ils sont nécessaires, dans la décennie à venir, qui sera à coup sûr climatique.