Alors que les congés estivaux touchent à leur fin, nous avons tous pu constater avec effarement l'ampleur des feux de forêt survenus en juillet et août. Certains d'entre eux sont encore en activité, l'année est loin d'être terminée, et les premiers bilans sont sans appel, faisant de 2022 une année tristement record (plus de 60 000 hectares brûlés en France).
Le cumul d'une longue période de sécheresse avec des épisodes de canicule explique pour partie cette année hors normes. Alors que certaines réflexions sont en cours sur l'importance de l'entretien des forêts afin de limiter la propagation des incendies, il est intéressant de regarder d'autres facteurs aggravants, d'autant plus qu'une corrélation peut être identifiée avec les enjeux liés à la transition climatique.
Les feux de forêts sont également grandement facilités par la déforestation et la dégradation des forêts. Certaines recherches ont indiqué que la perte de forêts due à la déforestation rendait plus probable les feux de forêts, cette pratique entraînant des températures régionales plus élevées et une végétation plus sèche. En ajoutant les épisodes de sécheresse tels que ceux récemment connus, cela contribue à augmenter la fréquence de survenance de ce risque.
Il est aujourd'hui estimé que l'expansion urbaine dépasse la croissance démographique de près de 50 %, signifiant l'ajout de plus de 1 million de km² de nouvelles zones urbaines d'ici 2045. Cet accroissement a notamment pour conséquence une hausse du nombre de personnes exposées aux incendies de forêt, ainsi qu'une augmentation des actifs exposés : lieux de résidence, infrastructures, bassins d'emploi. Alors que la très grande majorité des incendies sont d'origine humaine (9 feux sur 10 en France, dont 7 sur 10 à cause d'une imprudence), la hausse globale de la présence humaine dans certaines régions va naturellement augmenter la fréquence potentielle des feux, créant de nouveaux risques là où il n'y en avait pas auparavant.
De plus, les conséquences de ces feux de forêts sur la captation du CO2 sont significatives. En effet, arrêter la déforestation et laisser les forêts se développer naturellement pourrait permettre d'absorber jusqu'à 8,9 milliards de tonnes de CO2 chaque année jusqu'en 2050, équivalent à 23 % des émissions mondiales de CO2 dans l'atmosphère. Ce chiffre s'ajoute au piégeage du carbone déjà assuré par les forêts existantes, qui absorbent actuellement environ 30 % des émissions annuelles de CO2.
Enfin, alors que les médias se sont naturellement concentrés sur les feux des régions occidentales (France, Espagne, Portugal etc.) il est fondamental de rappeler que les hectares brûlés dans ces pays ne représentent qu'une faible portion de l'ensemble mondial. Ainsi plus des 2/3 des surfaces brûlées par des feux de forêts ces deux dernières années ont eu lieu dans des régions boréales, particulièrement en Russie, au Canada et aux Etats-Unis (facilités notamment par le réchauffement climatique de ces régions). Les incendies touchent des millions d'hectares, libérant des quantités considérables de CO2 dans l'air. Mais au-delà des forêts, la problématique de ces incendies vient surtout de la composition du sol, à savoir des tourbes. Les tourbières sont en effet d’immenses puits de carbone, ayant capté de vastes quantités de CO2 pendant plusieurs siècles. Or lors de ces incendies, les tourbières relâchent tout le CO2 capturé, accentuant de fait le réchauffement climatique (à titre illustratif, les feux de tourbière de 2015 en Indonésie ont relâché plus de CO2 dans l'atmosphère que l'ensemble des émissions de la France).
Les conséquences des incendies peuvent être nombreuses pour le tissu économique (au-delà des coûts directs associés à la gestion des incendies en tant que tels et aux dommages directement causés), notamment souvent en lien avec la capacité des entreprises à assurer une continuité de leurs opérations : difficultés de se rendre au travail pour les collaborateurs, nécessité pour les entreprises de libérer les collaborateurs pompiers volontaires, interruptions des approvisionnements en énergie, panne des serveurs, etc. De nombreux secteurs peuvent également être directement impactés par une hausse de la criticité de ce risque :
* https://effis.jrc.ec.europa.eu/apps/effis.statistics/seasonaltrend
* https://www.euractiv.com/section/climate-environment/news/climate-change-driving-unprecedented-forest-fire-loss/
* https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/incendies-peut-on-determiner-quelle-part-des-feux-de-foret-est-d-origine-humaine_5236744.html
* https://www.wri.org/insights/global-trends-forest-fires?utm_campaign=treecoverlossfires2022&utm_medium=bitly&utm_source=GFWBlog
* https://www.globalforestwatch.org/topics/climate/
* https://www.worldbank.org/en/topic/urbandevelopment/overview#:~:text=Globally
%2C%20over%2050%25%20of%20the,housing%20their%20expanding
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* https://www.theguardian.com/environment/2015/oct/07/indonesian-forest-fires-on-track-to-emit-more-co2-than-uk
* https://acp.copernicus.org/articles/19/11105/2019/acp-19-11105-2019.pdf
* https://www.liberation.fr/societe/les-sapeurs-pompiers-volontaires-larmee-de-reserve-des-soldats-du-feu-20220812_7B7UIQCIYNA35JTC64B2QZNN4M/
