Face à des enjeux climatiques de plus en plus complexes, les entreprises peuvent ressentir un sentiment d’impuissance, pouvant entrainer des difficultés à définir une stratégie adaptée et à mettre en place des plans d’actions pertinents. Au cours d'un webinar dédié au sujet (organisé pour des clients européens) nous avons mobilisé un panel de spécialistes afin de discuter de ce nouveau contexte. Les échanges ont été l’occasion de réfléchir sur les enjeux actuels et futurs des entreprises face aux risques climatiques physiques et aux cadres de reporting associés. Ce webinar a fait émerger de grands axes de réflexion sur l’établissement d’une feuille de route permettant aux entreprises de répondre à ces enjeux ESG et ainsi d’atteindre leurs objectifs.
Idéalement au regard du contexte et de l’amplification de ces enjeux depuis plusieurs années, les entreprises devraient être déjà engagées dans la définition et la mise en place d’actions d’atténuation des risques climatiques (tels que les phénomènes météorologiques extrêmes et les effets du réchauffement de la planète). La réalité est cependant plus complexe, puisque la majorité des participants au webinar ont déclaré qu'ils n'en étaient qu'au stade de la planification.
Il est essentiel pour les entreprises de commencer par comprendre précisément les risques climatiques. Au regard de la complexité des structures de nombreuses organisations, il est pertinent pour les entreprises de mettre en place en premier lieu une approche de matérialité permettant l’identification des actifs les plus critiques et/ou vulnérables. L'importance d’envisager diverses perspectives temporelles et des scénarios climatiques (au regard notamment des hypothèses définies par les travaux du GIEC) a également été soulignée, tout comme la nécessité d'identifier et de mesurer chaque risque séparément. Une telle approche facilitera en effet la mise en place d’une procédure adéquate de gestion des risques, et non pas uniquement des procédures génériques non adaptées aux réalités opérationnelles. D'autres facteurs clés doivent être pris en compte, notamment le niveau de maturité d’une entreprise en matière de gestion des risques et la complexité de l’ensemble de sa chaîne d'approvisionnement.
Enfin, l’approche de matérialité est une exigence de nombreuses règlementations récemment mises en place ou à venir, telles que la CSRD, l’ISSB ou encore la SEC.
Pour les entreprises, ce contexte est complexifié par la multitude de réglementations locales, régionales et mondiales qu’elles doivent parvenir à prendre en compte, telles que la Task Force on Climate-related Financial disclosures (TCFD), la Taxonomie Européenne ou encore la directive CSRD. Face à cet enjeu, il est fondamental que les entreprises puissent adapter les approches définies pour évaluer leurs risques afin de réussir à prendre en compte l’ensemble de ces règlementations. Cette capacité à adapter régulièrement ses méthodes de travail permettra notamment de continuer à tenir compte des nouvelles exigences, ainsi que des changements de technologies et des solutions qui en découlent.
Transparence, consensus et engagement sont autant d’éléments essentiels à la création d’une feuille de route permettant aux entreprises de faire face efficacement au changement climatique. Les risques climatiques nécessitent d’être intégrés à une démarche globale de gestion des risques, impliquant notamment les enjeux de continuité d’activité, de réputation ou encore de conformité. Cela impose de pouvoir impliquer, engager et gérer l’ensemble des interfaces de l'entreprise avec son écosystème et ses parties prenantes (internes et externes) : conseil d'administration, investisseurs, communautés locales, employés… La définition et la mise en œuvre de solutions d'adaptations sont des tâches complexes pour lesquelles le soutien de l’ensemble des parties prenantes est en effet crucial.
Afin de déterminer l’exposition d’une entreprise au risque physique climatique, il est nécessaire d’avoir recours à des modèles prédictifs, dont l’utilisation peut revêtir de nombreuses complexités. L’adoption d’une approche pragmatique, centrée sur l’analyse de tendances générales, est donc à privilégier. Une bonne pratique pourra également être de solliciter des expertises dédiées afin d’interpréter au mieux les résultats des données.
De plus, certaines parties prenantes pourraient parfois considérer qu’il existe des décalages entre le court-termisme des prises de décision managériales et l’impact à long terme du changement climatique. L’objectif principal sera donc de faire prendre conscience à ces parties prenantes d’une matérialisation déjà initiée du changement climatique, avec des conséquences visibles dans de nombreux domaines, témoignant en réalité d’un alignement temporel des divers enjeux.
Enfin, l’analyse de l'impact des risques physiques climatiques dans des chaînes d'approvisionnement complexes implique de se concentrer en priorité sur les fournisseurs de premier rang, en particulier les plus critiques. Les entreprises seront ensuite à même de déployer leurs exigences de reporting tout au long de la chaîne.
La montée en maturité des organisations dans la gestion des risques physiques climatiques va leur permettre d’acquérir régulièrement et de manière itérative une vision plus fine des enjeux auxquels elles sont confrontées ainsi que de l'impact que ces risques peuvent avoir sur leurs activités. En capitalisant sur l’expérience accumulée, les entreprises pourront s’appuyer sur ces compétences nouvellement acquises afin de mieux s’informer et comprendre ces risques. Cela permettra également de mobiliser plus facilement les nombreuses parties prenantes, et ainsi déployer de manière efficace des stratégies d'adaptation et d'atténuation, soutenues par exemple par l’utilisation de tableaux de bord adaptés.
Capitaliser sur les résultats des modèles d’analyse permettra de définir et d’améliorer le processus de sélection des nouveaux sites et d’analyser les risques associés aux projets d'expansion. Cela facilitera également l'évaluation des dépenses d'investissement nécessaires à l’atténuation des risques observés.
Afin de pouvoir bâtir une feuille de route opérationnelle de gestion des risques climatiques, pleinement adaptée à la spécificité des enjeux associés, les entreprises doivent être capables de décomposer leurs approches en plusieurs parties facilement exploitables. Ainsi, comme l'impose déjà plusieurs règlementations (TCFD, CSRD, etc.), elles doivent tout d’abord envisager différents horizons temporels et scénarios climatiques, mais également se concentrer sur les vulnérabilités les plus conséquentes de leur activité, puis collaborer avec l’ensemble des parties prenantes concernées par ces enjeux. De cette manière, la démarche d’adaptation aux risques physiques climatiques pourra être un véritable succès.
Groupe Bekaert
Nous avons accompagné l'industriel belge Bekaert dans l'évaluation de leurs risques physiques climatiques. Retrouvez le résultat de ce travail dans leur document d’enregistrement universel (page 122).
“Nous voulions un partenaire afin de réaliser une évaluation approfondie des risques physiques climatiques, en capitalisant sur leurs données et modèles, leur méthodologie, et plus globalement sur leur expertise en matière de risques climatiques.”
Sarah Van Bergen | Group Risk & Insurance Manager, société Bekaert