Les renouvellements de janvier sont une période stratégique et souvent complexe. Chez WTW nous mesurons pleinement leur importance pour vos activités.
Le marché français de l’assurance est marqué par une fragmentation accrue et une dynamique contrastée. La fin de l’année 2024 a révélé un marché à la fois sélectif et opportuniste. Dans un environnement social et géopolitique toujours plus imprévisible, les conditions de renouvellement ont varié selon les secteurs d’activité, la qualité des risques et leur localisation, mais aussi du fait de l’évolution des politiques de souscription des assureurs et de la dynamique de croissance qu’ils ont appliqué pour certains risques. Les assureurs continuent malgré tout d’adopter une approche très sélective et opportuniste, favorisant les « bons élèves » avec des conditions compétitives, tout en sanctionnant plus durement les risques jugés moins attractifs.
Le marché se divise en deux grandes catégories : d’un côté, un nombre restreint d’assureurs domestiques ayant profité des renouvellements pour assainir leurs portefeuilles, et de l’autre, des acteurs plus agressifs et de nouveaux entrants cherchant à se constituer rapidement une position sur le marché.
Si les renouvellements de 2025 ont confirmé un assouplissement général du marché, le niveau global des risques continue d’augmenter, porté par les catastrophes naturelles, les tensions géopolitiques, les évolutions technologiques avec l’IA et les incertitudes économiques. De nombreux durcissements persistent sur certaines branches, notamment aux États-Unis, sur les risques climatiques et dans des secteurs spécifiques comme l’industrie du bois ou l’intelligence artificielle.
Il est donc essentiel de ne pas négliger la prévention et la protection. Les solutions alternatives de financement doivent aussi être considérées comme des leviers de long terme permettant de mieux maîtriser le marché et d’optimiser le coût total du risque.
Comme nous l’anticipions en octobre 2024, le marché de la Responsabilité Civile s’est inscrit dans une dynamique à plusieurs vitesses. La concurrence a joué un rôle déterminant dans les renouvellements, favorisant un équilibre global, mais avec des disparités marquées selon les secteurs d’activité et l’exposition des risques.
Les grands comptes ont bénéficié d’une tendance plutôt positive, avec des baisses de prime pour les assurés, souvent assorties d’engagements de durée.
Toutefois, cette tendance ne s’applique pas uniformément : les entreprises exposées aux États-Unis ou appartenant à des secteurs à forte sinistralité ont connu des hausses de primes.
La souscription reste technique, et la qualité de la prévention et de la communication avec les assureurs demeure clé.
Par ailleurs, plusieurs incertitudes pèsent sur la ligne Responsabilité Civile en 2025 : la réforme de la directive sur la responsabilité des produits, l’évolution des « nuclear verdicts » aux États-Unis, et les impacts liés à la généralisation de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
En ligne avec la tendance observée en Responsabilité Civile, la branche Dommages a bénéficié d’un assouplissement des conditions mais de façon très sélective. Les renouvellements de janvier 2025 confirment que le marché s’est assaini, avec une concurrence accrue et l’arrivée de nouveaux entrants.
Les entreprises qualifiées de « bons risques » pour les assureurs (activités standards, faible sinistralité, solides plans de prévention) ont enregistré des baisses de prime. Le recours aux engagements de durée (LTA) s’est également intensifié : plus de 30 % du portefeuille Grands comptes bénéficie désormais de contrats pluriannuels.
À l’inverse, les risques plus exposés ou sinistrés ont subi des hausses de prime, intensifiés par la remédiation de portefeuilles de certains assureurs domestiques. Les secteurs les plus impactés incluent l’industrie du bois, le stockage froid, les collectivités locales et les propriétaires non occupants industriels.
Les tensions subsistent sur certains aspects, notamment la couverture des risques de supply chain, les évènements naturels mais également les émeutes et mouvements populaires parfois exclus sur certaines activités.
L’anticipation, la qualité des informations communiquées et l’innovation des montages et couvertures associées (paramétrique, garantie structurée, captive) restent déterminant pour la qualité des négociations et termes et conditions obtenues.
Dans un contexte international marqué par une instabilité accrue, les Risques Politiques restent une préoccupation majeure pour les entreprises et les assureurs. Les tensions géopolitiques, notamment en Europe de l’Est et en Asie, ainsi que les incertitudes liées à l’élection de Donald Trump, influencent fortement les stratégies de couverture.
Les assureurs adoptent une approche plus prudente, limitant leur exposition sur certains territoires à risque et ajustant leurs conditions en fonction de l’évolution des situations locales. Toutefois, de nouvelles capacités sont apparues offrant des solutions alternatives et une opportunité manifeste de mise en concurrence pour obtenir une tarification réduite et des garanties étoffées.
Les renouvellements du 1er janvier ont confirmé nos prévisions d’octobre dernier, avec le retour d’un marché "soft" ainsi que l’arrivée de nouveaux acteurs sur la branche transport, qui ont permis une baisse de prime pour un certain nombre de nos clients. Nous avons également observé la poursuite de l’impact de la situation géopolitique mondiale sur la couverture des risques de guerre avec des conditions tarifaires élevées mais un marché qui s’est adapté avec désormais très peu de zones de navigation exclues.
Enfin, nous avons noté un intérêt croissant du marché avec une certaine agressivité de la part des assureurs, ce qui a permis de favoriser la concurrence au bénéfice des clients.
Le secteur automobile ne suit pas la dynamique baissière des autres branches. Malgré plusieurs années de hausse des primes, le ratio combiné du secteur reste très élevé, avoisinant toujours les 100 %. Cette situation s’explique en grande partie par un contexte inflationniste marqué (coût des réparations notamment), rendant les sinistres de plus en plus coûteux.
À cela s’ajoutent les catastrophes naturelles, notamment les épisodes de grêle et d’inondations, qui impactent lourdement les résultats des assureurs.
Face à cette situation, les règles de souscription sont devenues plus strictes et les primes restent orientées à la hausse en 2025. Certaines activités peinent à trouver des assureurs pour couvrir leur risque automobile (TPV, TPM, location, zone aéroportuaire et taxi/VTC).
Dans ce contexte, il est recommandé de mettre en place des plans de prévention pour réduire la sinistralité, notamment celle de fréquence. Il est également conseillé d’augmenter la part de rétention du risque dommages aux véhicules, soit par une hausse des franchises, soit par un recours à l’auto-assurance sur certains volets (bris de glace, etc). Les assureurs valorisent ces démarches et en tiennent compte lors des renouvellements.
Globalement, le marché s’est révélé plutôt favorable pour les clients. La fidélité a été récompensée, même si les assureurs ont poursuivi leurs ajustements sur les comptes sinistrés. Les hausses sont restées modérées, avec un retour marqué aux LTA sur deux ans, souvent assorti de conditions différenciées selon les périodes. Il est essentiel de prêter attention aux S/P négociés dans ce cadre.
Nous avons également observé un assouplissement des taux sur le TRC/TRE, ce qui est encourageant. Toutefois, le marché de la construction se rapproche de plus en plus de celui du Dommage et de la RC, avec un recours accru à la coassurance, y compris sur les premières lignes, ce qui impose une anticipation renforcée des renouvellements.
De nouveaux entrants ont fait leur apparition, et bien que cela soit positif pour la concurrence, l’assurance construction est souvent perçue par les assureurs comme un marché d’opportunités avec des primes attractives. Il est donc crucial de s’assurer que ces nouveaux acteurs s’inscrivent dans une perspective de long terme, compte tenu de la durée des sinistres en RC Construction et en décennale.
Enfin, la position des leaders du marché évolue. Là où ils imposaient autrefois leurs conditions, on constate de plus en plus un fractionnement des placements et une réticence des suiveurs à adopter automatiquement les conditions techniques et financières des leaders. Ce phénomène est particulièrement visible sur les prolongations de garanties RC/TRE.
L’anticipation demeure le maître-mot pour aborder ce marché efficacement.
Évolution du marché du crédit et du financement
Malgré les nombreux chocs économiques survenus depuis la pandémie de COVID-19, le marché de l’assurance-crédit reste stable, avec toutefois un accompagnement plus sélectif des entreprises considérées comme saines, notamment en raison de la hausse des niveaux d’endettement.
Bien qu’aucune explosion soudaine des défaillances ne soit observée, leur augmentation progressive crée des tensions, notamment sur la capacité des assureurs-crédits à maintenir leurs garanties. L’inflation joue également un rôle dans cette dynamique en augmentant artificiellement les montants des garanties demandées, sans que cela soit justifié par une réelle croissance.
Une tendance notable est l’émergence d’acteurs alternatifs aux assureurs traditionnels.
Affacturage : conditions financières et évolution du marché
Les conditions financières de l’affacturage sont revenues à des niveaux pré-COVID, avec une baisse des marges appliquées par les factors, rendant ce mode de financement attractif. Cependant, le coût global reste plus élevé qu’avant la crise, en raison du maintien d’indices de référence (index) positifs.
En 2024, une forte demande de financement a été observée en fin d’année pour optimiser les bilans. Cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec un besoin croissant de flexibilité dans les solutions proposées par les factors. Les exigences opérationnelles pour accéder à l’affacturage sont désormais plus légères, élargissant l’accès à ce type de financement pour de nouvelles catégories d’entreprises.
Pour l’activité Crédit, le marché se concentre autour de trois acteurs et propose des prix attractifs. Les capacités se tendent toutefois et l’agrégation d’assureurs est nécessaire dans de nombreux cas.
Pour l’activité Financement, l’envolée des index s’est poursuivie en 2023. Les marges appliquées par les banques retrouvent les niveaux planchers des dernières années. Les liquidités disponibles restent abondantes avec des schémas d’intervention très flexibles pour répondre aux nouveaux besoins des ETI et des grands groupes.
Responsabilité Civile des Mandataires Sociaux (RCMS)
Les renouvellements de contrats de Responsabilité Civile des Mandataires Sociaux (RCMS) se sont effectués dans un contexte de capacités importantes, en augmentation, avec un nombre croissant d'assureurs, y compris de nouveaux entrants sur le marché français. Les conditions tarifaires ont baissé dans des proportions plus ou moins importantes en fonction du profil de risque de l’entreprise, et les conditions contractuelles sont restées larges et inchangées, sans restriction de garantie.
Risque de Fraude
En ce qui concerne le risque de Fraude, malgré une sinistralité récurrente et impactante, les conditions tarifaires ont connu des baisses modérées. Les garanties n'ont pas été restreintes et sont restées adaptées aux conséquences de fraudes (internes et externes), alignées sur les bonnes pratiques des marchés de l’assurance. Les assureurs, plus nombreux que dans le passé sur ce segment de risque, ont adopté une approche plus compétitive, tout en demandant des informations de souscription précises pour évaluer le risque, ce qui a permis aux clients de bénéficier de conditions plus avantageuses et conduit certains d’entre eux à souscrire ce risque pour la première fois pour y faire face en cas de survenance de fraudes aux mécanismes toujours plus élaborés (grâce notamment au recours à l’IA).
Risques Cyber
Pour les risques Cyber, les renouvellements en 2025 se sont déroulés de manière positive, avec une capacité disponible en hausse et des baisses de primes pour les grands comptes dans des proportions plus ou moins importantes selon le profil du client et la façon dont les renouvellements passés se sont déroulés. Les franchises ont également été réduites dans certains cas, parfois fortement, et les conditions contractuelles sont restées larges et adaptées aux conséquences d’une attaque ou d’un incident Cyber.
Si le marché de l’assurance amorce un assouplissement, la vigilance reste de mise. Les entreprises doivent continuer à anticiper leurs renouvellements, travailler leur communication avec les assureurs et privilégier une gestion proactive des risques pour optimiser leurs couvertures et maîtriser leurs coûts.
En tant que courtier, nous nous engageons à anticiper ces évolutions et à collaborer étroitement avec vous pour garantir des couvertures adaptées aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. WTW dispose de nombreux atouts pour être un partenaire clé : notre volume de primes placées nous confère une puissance de négociation, nos expertises sectorielles et techniques sont un levier majeur, et notre maîtrise des données et de l’intelligence artificielle nous permet de vous proposer des solutions optimisées.
L’ensemble des experts techniques WTW ont présenté leur retour d’expérience à l’occasion d’un webinar qui s’est déroulé le 23 janvier 2025. Accédez au replay ainsi qu’au support en vous inscrivant via le formulaire ci-contre.