LA DÉFENSE, 10 Décembre 2024 – La directive sur la transparence des rémunérations adoptée en mars 2023 par le Parlement européen prévoit que les employeurs fournissent à leurs collaborateurs, sur demande, des informations sur les niveaux de rémunération moyens des salariés effectuant un travail identique. Les entreprises devront également partager la fourchette de rémunération lors du processus de recrutement, rendant interdites toutes questions relatives aux antécédents salariaux. Elles doivent se préparer dès maintenant pour se mettre en conformité d’ici la transposition de cette directive dans le droit français, le 7 juin 2026 au plus tard.
Dans ce contexte, WTW en France présente les résultats de son enquête sur la transparence des rémunérations qui met en évidence les pratiques actuelles des entreprises dans le monde, et en France notamment, en matière de communication sur les rémunérations et les opportunités d’amélioration en faveur d’une plus grande équité salariale.
70% des répondants en France prévoient de communiquer sur le niveau d’emploi et sur la manière dont le salaire de base est défini. Ils sont moins de 40% à le faire aujourd’hui.
En moyenne, les entreprises en France ont identifié 3 facteurs favorisant leur niveau de communication sur les programmes de rémunération : si l’augmentation des exigences réglementaires (72%) en est le principal moteur, l’importance croissante des critères ESG/DEI (61%) et les valeurs et culture de l’entreprise (55%) sont également des facteurs importants.
Les répondants estiment que la communication des fourchettes de rémunération entraînera davantage de questions de la part des salariés (52%), plus de négociations salariales (48%), mais aussi un engagement des salariés plus important (34%).
Selon les entreprises en France, les principaux éléments qui freinent le développement de la communication sur les programmes de rémunération sont les réactions possibles des salariés, le manque de préparation des programmes de rémunération et les problèmes de disponibilité des données.
Les entreprises mettent actuellement l’accent sur la formation des dirigeants (31%) et managers (27%) aux programmes de rémunération, plutôt que pour les salariés, qui ne sont que 10% à être déjà en cours de formation sur ce sujet. Néanmoins, plus d’un tiers des répondants en France prévoient ou envisagent de renforcer la formation à destination des salariés.
La moitié des personnes interrogées en France communiquent, prévoient ou envisagent de communiquer des informations sur la fourchette de rémunération aux candidats dans tous les pays, quelles que soient les réglementations.
Les entreprises sont plus enclines à partager aux candidats externes une fourchette à l’embauche lors du processus de recrutement (90%). Un chiffre qui tombe à 7% lorsqu’il s’agit de communiquer la fourchette de salaire complète.
En France, les entreprises estiment que communiquer les fourchettes de rémunération aux candidats à l’embauche entrainera davantage de questions des candidats (46%), des managers (46%) et des salariés (43%), des chiffres en deçà des réponses au niveau global (67% prévoient une augmentation des questions des salariés ; 65% des managers ; 53% des candidats).
En France, 39% des entreprises communiquent déjà sur leur engagement en matière d’équité salariale et 35% prévoient ou envisagent de le faire. Des résultats assez similaires sont observés au niveau global.
Dans les faits, selon les résultats à l’international, les répondants qui ont confiance dans leurs programmes de rémunération et qui souhaitent aligner les salaires sur leurs valeurs sont plus enclins à adopter un engagement en faveur de l'équité salariale et de la transparence des rémunérations.
Bien que la plupart des entreprises communiquent les informations requises par les réglementations locales, la moitié des répondants communique, prévoit ou envisage de communiquer à l’externe sur l’écart de rémunération ajusté (à situation comparable) entre les hommes et les femmes.
72% des entreprises n’ont pas encore décidé de la manière dont elles mettront à disposition les informations sur les fourchettes de rémunération auprès des candidats dans les Etats membres de l’Union européenne.
Même indécision sur les canaux de communications qui seront utilisés pour mettre les informations sur le niveau de rémunération à la disposition des salariés, avec 76% des entreprises qui n’ont pas encore décidé.
Sur la question du quand, la moitié des organisations n’ont pas encore décidé et plus d’un tiers (36%) prévoient de suivre les délais indiqués dans les calendriers des Etats membres.
D’une manière générale, ce seront les équipes centrales RH et Rémunérations qui seront responsables de la collecte et de la mise à disposition des informations pour le niveau de rémunération moyen (30%) et pour les écarts de rémunérations (31%). Ce travail au niveau global pourrait être combiné à celui réalisé par les équipes locales (26 et 25%).
“La transparence des rémunérations représente un levier essentiel pour renforcer l’équité salariale et l’engagement des salariés.”
Laura Grouberman | Directrice de l’activité Work, Rewards & Careers chez WTW en France
« La transparence des rémunérations représente un levier essentiel pour renforcer l’équité salariale et l’engagement des salariés. Si les entreprises doivent encore surmonter des freins culturels et organisationnels, l’adoption de pratiques plus ouvertes en matière de communication salariale est une opportunité clé pour aligner leurs politiques avec leurs valeurs, répondre aux attentes sociétales et se conformer aux exigences réglementaires à venir. Il sera également nécessaire de former aux programmes de rémunération les différentes parties prenantes. » souligne Laura Grouberman, Directrice de l’activité Work, Rewards & Careers chez WTW en France.
L’enquête sur la transparence des rémunérations 2024 est disponible ici.
L’étude a été menée en 20 mai au 24 juin 2024, 1 674 entreprises dans le monde y ont participé, représentant 34 millions de salariés issus de divers secteurs d’activité. En France, 141 entreprises y ont répondu, représentant 4,2 millions de salariés.
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