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Agenda climatique : 5 raisons qui font des Risk Managers des acteurs incontournables

23 Septembre 2022

Pourquoi et comment les Risk Managers peuvent-ils se positionner face au déploiement de l’agenda climatique au sein de leur organisation ?
Climate
ESG In Sight

Garant du bon fonctionnement de la gestion des risques au sein d’une organisation, le positionnement du Risk Manager face au risque climatique n’est cependant pas toujours clair. Dans un contexte devenant de plus en plus critique, et alors que le Risk Manager est naturellement en interaction avec les fonctions Finance, RSE ou Compliance, il est fondamental de mieux définir son rôles et ses responsabilités.

Cet article vise à mettre en lumière le rôle central que doit avoir le Risk Manager dans le pilotage et le déploiement de l’agenda climatique, en démontrant notamment l’importance de savoir quantifier ces risques, et de réussir à saisir les opportunités associées.

Pour aller plus loin en vidéo

Quel rôle pour le Risk Manager dans le déploiement de l'agenda
climatique ?

Raison 1 : L’agenda climatique doit être envisagé sous l’angle du risque

Parce qu’être confronté de façon constante aux notions de risque et d’incertitude est justement leur métier, les Risk Managers n’ont pas toujours conscience de la plus-value qu’ils peuvent apporter sur les sujets climatiques, notamment pour d’autres fonctions de l’entreprise parfois moins habituées à ces enjeux. Il est pourtant fondamental pour une organisation de pouvoir maitriser ces notions puisque le changement climatique exacerbe la matérialité de certains risques existants, tout en en créant de nouveaux:

  • Les risques physiques, qui sont soit « aigus », traduisant une modification de la fréquence et/ou de l’intensité d'événements naturels (ex : inondations, typhons, incendies de forêt…) soit « chroniques », faisant dans ce cas référence à des changements long terme des schémas climatiques (ex : hausse du niveau des mers ou des températures)
  • Les risques de transition, qui concernent quant à eux les risques et opportunités générés par le passage à une économie à faible émission de carbone (changements de politique, de réglementation, de technologies et de marchés, en lien avec cette transition). On y retrouve par exemple les risques de litiges associés à de potentielles négligences (communication incomplète des risques climatiques, plans de transition inadéquats, etc.). Cette tendance s’est d’ailleurs déjà concrétisée puisque des actions en justice ont été récemment lancées par des collectifs contre certaines entreprises, pointant du doigt l’insuffisance de leurs plans de transition climatique au regard de leurs obligations.

La survenance de ces différents risques, ou le manque d’anticipation pour y faire face, peuvent avoir des répercussions sévères sur l’entreprise. En effet, si l'activité d’une entreprise est considérée comme préjudiciable à la transition vers une économie décarbonée, les différentes parties prenantes (clients, employés, investisseurs, etc.) pourraient avoir tendance à s’en désolidariser de plus en plus fréquemment.

Rôle du Risk Manager face à ces enjeux :

Les changements climatiques impliquent de pouvoir quantifier non seulement les impacts de l’entreprise sur son environnement, mais également les impacts de ces changements sur l’entreprise. Cette capacité à gérer les risques et les opportunités associés à l’agenda climatique renforce naturellement le caractère central du rôle des Risk Managers. Ces derniers sont structurellement bien outillés et possèdent l’expérience nécessaire pour accompagner la compréhension et le traitement de ces risques, souvent perçus comme intangibles et difficilement identifiables.

Leur rôle doit les amener à identifier et analyser les risques spécifiques liés au climat, qu’ils soient physiques ou de transition, au travers d’une approche analytique dynamique et nuancée, en maitrisant notamment les enjeux propres aux opérations et aux chaînes d'approvisionnement.


Raison 2 : Les gestionnaires de risques ont déjà une connaissance éprouvée des problématiques climatiques

Alors que certaines parties prenantes peuvent se sentir peu confortables face aux risques climatiques, du fait d’une appropriation encore trop récente, ce sujet peut toutefois être considéré pour les Risk Managers comme une extension d'autres risques faisant déjà partie de leurs responsabilités (ex : les risques de catastrophes naturelles).

Les professionnels du risque occupent effectivement un rôle central face à ces enjeux, car ils possèdent et maitrisent des données cruciales aux analyses de risques de changements climatiques : géolocalisation et valorisation des actifs, listes de fournisseurs critiques, informations financières sur les chaines d’approvisionnement, etc.

Parce qu’ils sont habitués à travailler dans un environnement de risques, évolutif par nature, et parce qu’ils savent l’appréhender afin de favoriser une meilleure maitrise des activités, les Risk Managers peuvent naturellement apporter leur expertise dans le cadre du changement climatique, en collaboration avec les autres parties prenantes internes de leur organisation (équipes RSE, juridiques, HR, etc.).

Rôle du Risk Manager face à ces enjeux :

Alors que la majorité des entreprises semble être aux prémices de la définition de leur stratégie climatique, le Risk Manager peut capitaliser sur sa parfaite maitrise des fondamentaux d’une approche ERM (identifier, quantifier, atténuer, gérer, les risques bruts, les risques nets, etc.) afin de garantir la fluidité et l’efficacité des premiers échanges sur les risques climatiques.

Lorsqu’une entreprise cherche à faire évoluer son approche ou sa stratégie, le Risk Manager peut endosser un rôle de catalyseur, offrant sa connaissance de l’ensemble des métiers de l’organisation, et facilitant l'engagement et l’adhésion des parties prenantes. Il peut également suggérer des objectifs clairs et des indicateurs de performance adaptés, permettant de faciliter les discussions autour des sujets de risques climat et de transition.

Grâce à ce positionnement, les Risk Managers apparaissent naturellement comme des acteurs clés, présentant l’action climatique au conseil d’administration comme un risque à ajouter à ceux qu’ils modélisent déjà depuis des décennies.


Raison 3 : Les gestionnaires de risque sont les mieux placés pour accompagner la mise en conformité des organisations aux nouvelles réglementations, et notamment au TCFD

Nous assistons à une évolution rapide de la réglementation autour des enjeux climatiques, et il semble aujourd’hui opportun d’anticiper pour mieux se préparer.

Voir notre article Transition climatique : évolutions réglementaires et nouveaux enjeux

Face aux différentes réglementations renforçant les obligations de reporting et de maitrise des risques, les organisations sont confrontées à la nécessité d’identifier les risques et opportunités liés à leurs activités. Le Risk Manager doit donc être impliqué pleinement dans la mise en conformité à l’ensemble de ces nouvelles règles, en participant à la formalisation des reportings, notamment sur les sujets d’évaluation des risques et des expositions à court, moyen et long terme. De plus, le Risk Manager peut avoir un impact positif significatif sur la prise de décisions stratégiques, particulièrement lorsqu’il s’agit d’optimiser l’allocation du capital sur la base de critères objectifs intégrant la notion de risque (réévaluation des actifs, prise en compte des risques émergents, etc.).

Rôle du Risk Manager face à ces enjeux :

Un nombre croissant d’investisseurs souhaite se référer à des standards tels que la TCFD, même dans des zones géographiques ne les appliquant pas. Le Risk Manager apparait, par son expertise et son positionnement, comme le plus à même de diffuser cette exigence au sein de son organisation. Lors de ses échanges avec l’ensemble des parties prenantes (fonction supports, centrales, transverses, etc.), le Risk Manager peut s’appuyer sur les obligations de la TCFD pour intégrer le climat dans la stratégie de l’organisation, identifiant les opportunités et allant ainsi au-delà de la simple mise en conformité.

Dans ce contexte, une des responsabilités du Risk Manager peut être d’intégrer des méthodologies « Data & Analytics » dans ces discussions, permettant l’optimisation des pratiques de l’organisation et également le renforcement de la maturité des pratiques des collaborateurs. En capitalisant sur cette approche par les risques, le Risk Manager devra faire preuve de pédagogie et inculquer une nouvelle culture au sein de l’organisation. De cette manière, les collaborateurs pourront mieux comprendre les actions mises en place par une organisation pour gérer ses risques climatiques, mieux saisir les différentes opportunités pouvant se manifester, et enfin identifier les pratiques à faire évoluer ou bien à bannir définitivement.


Raison 4 : Les Risk Managers sont habitués aux exigences croissantes des institutions financières

En complément des obligations relatives à la publication de leurs enjeux climatiques (et plus globalement de développement durable), les organisations doivent également être en mesure de pouvoir présenter des plans d’actions et de fournir les preuves quantifiables sous-tendant les décisions prises pour faire face à ces enjeux. Avec le déploiement notamment de la taxonomie européenne classifiant les organisations selon l’impact de leur activité sur l’environnement, il est nécessaire pour toute organisation de pouvoir justifier d’un plan d’action crédible afin d’éviter de se retrouver mis à l’index par les institutions financières, les marchés et les investisseurs.

Rôle du Risk Manager face à ces enjeux :

De par leurs activités usuelles (collecte de données quantifiées, intégration de la vision par les risques dans la prise de décision, connaissance des sujets climatiques, etc.), les Risk Managers peuvent contribuer à garantir une bonne communication avec les marchés, notamment en s'efforçant de comprendre ce que les institutions financières attendent comme informations, que cela soit sur les enjeux ESG ou les choix stratégiques visant à pérenniser la rentabilité de l’entreprise face aux enjeux climatiques. De telles actions permettent au Risk Manager d’occuper une place centrale dans la stratégie de financement des risques.

Raison 5 : Les Risk Managers sont les garants d’un positionnement stratégique long terme

Même pour les entreprises disposant de stratégies ambitieuses, l’implémentation d’un plan de transition se concrétise à moyen ou long terme. Durant cette période charnière, il est essentiel de préserver et entretenir les relations avec les institutions financières, et ce besoin est quant à lui immédiat et requiert une mobilisation constante.

Le décalage temporel entre la mise en place de plan de transition à moyen/long terme d’un côté, et le besoin de financement à court terme d’un autre côté, crée un défi que le Risk Manager connait.

En effet, le Risk Manager a toute la légitimité pour présenter aux institutions financières les projections de risques sur différents horizons temporels (y compris ceux associés aux technologies émergentes), ainsi que les stratégies de prévention et d’adaptation pour y faire face. L’objectif est de rassurer pour garantir que ces risques restent transférables et finançables tout au long de la transition.

D’autre part, le Risk Manager a aussi un rôle communiquant et de pédagogue avec les parties prenantes internes. Il aide à mettre l’emphase sur la nécessité de préserver les relations avec des fournisseurs de capitaux, et de partager clairement les attentes et les exigences que ces derniers requièrent pour soutenir l’entreprise. Sans l’accompagnement des institutions financières, la transition n’est en effet pas possible. Ici aussi, ces tâches font déjà partie du quotidien des professionnels du risque, et ont d’ailleurs été éprouvées par le durcissement du marché de l’assurance.

Rôle du Risk Manager face à ces enjeux

Le soutien des institutions financières est aussi exigeant que vital pour garantir une transition réussie. Le Risk Manager peut mobiliser ses capacités de facilitateur entre les parties prenantes, pour mener simultanément des discussions internes et externes. D’abord avec les parties prenantes internes, il peut aider à valoriser l’importance des partenariats, et la nécessité de les préserver (ou le risque de les perdre). D’autre part, le Risk Manager peut valoriser, auprès de ces institutions financières, les efforts entrepris par l’entreprise pour adresser ces enjeux. Il donne des perspectives positives sur des horizons moyen et long terme pour obtenir le support nécessaire dans cette période de décalage temporel entre l’implémentation des stratégies de transition, et les besoins de financement immédiats pour y arriver.

Conclusion

Nous pensons qu'il existe à la fois des arguments de poids pour que les professionnels du risque soient les gardiens de la transition, mais aussi un impératif professionnel et moral de veiller à ce que cela continue.

Il incombe désormais aux Risk Managers de capitaliser sur l’ensemble des compétences propres à leur métier pour relever le défi des risques climatiques. Ils peuvent désormais se positionner en leader de l’agenda de transition en endossant le rôle multifacette de pédagogue, de communicant, de facilitateur et de catalyseur. Ainsi, ils permettront d’obtenir l’adhésion de l’ensemble des parties prenantes internes et externes à travers le prisme de la gestion et du financement des risques.

Grâce à ce positionnement, les Risk Managers peuvent permettre à leur organisation de prendre de l'avance sur les enjeux liés aux risques climatiques. Alors que le changement de nos modèles économiques semble aujourd’hui inévitable, les Risk Managers ont l’opportunité de se positionner en acteurs centraux afin de contribuer efficacement à la transition vers un avenir plus durable.

Sources

Contacts


Directeur Risk & Analytics Europe ERM et Transition Climatique

Iwan Drost
Head of Risk & Analytics Benelux

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